Lafautalortho

[Robert]

Alain Peyrefitte, persuadé, comme bien d'autres avant lui, que la France souffre d'un mal spécifique qui met sa gouvernance et son économie en difficulté, aurait aimé passer à la postérité comme découvreur de ce mal, en désignant ses causes, à l'instar de Louis Pasteur pour la rage. Après 20 ans d'étude et 2000 pages d' analyses, il devait renonçer à son ambition, écrivant pour justifier cet échec : "Rien n'est difficile comme de se juger soi-même. On n'entend pas son accent, on ne se rend pas compte de ses tics de langage, on ne sent pas sa propre odeur. Parce que les faiblesses de la France sont proprement françaises, elles sont imperceptibles aux Français". C'était dire avec assez de netteté qu'il fallait chercher ce mal dans nos plus profondes habitudes culturelles, au plus intime de ce qui nous constitue comme nation. La France s'est constituée à travers les avatars du royaume franc établi en Ile de France et de son idiome : la langue d'oil, ancêtre de notre français. Notre moderne France résulte donc d'une double intégration : dans un Etat et dans une langue. L'Etat est le squelette de notre pays, la langue française son âme, sa nature profonde et intime. C'est là qu'il nous faudra trouver nos faiblesses si proprement françaises qu'elles nous restaient invisibles. Alain Peyrefitte ayant exploré, de fond en comble et sans complaisance, notre nature administrative, dans Le Mal Français, il ne reste plus qu'à examiner le second de nos constituants : notre formatage linguistique. Convaincu que cette langue française divinisée a soumis ses scripteurs à un pouvoir arbitraire sans concessions j'attends que ce forum démontre l'accusation, en décrive tous les effets néfastes et obtienne une profonde réforme de notre système graphique, seule capable de sauver les peuples francophones de la relégation aux marges de l'histoire.